Je suis au milieu de l’île, devant moi, les quatre piscines olympiques alignées (121). Pleins d’enfants avec des slips bleus et des bonnets de bains jouent autour. Je plonge dans la première et nage droit devant moi. L’eau se fait de plus en plus rare à mesure que j’avance. Je finis par être obligée de marcher.
Je suis toute seule. Des têtards se faufilent entre mes mollets. Je suis entourée de libellules. Je suis toujours dans la piscine, elle est complètement asséchée, (122) elle s’étale à perte de vue. La mousse s’enfonce sous mes pieds et finit par devenir de l’herbe. Il y a toute sortes d’objets abandonnés dans la piscine,
des seaux, des carcasses de voitures, des pelles, des téléphones, des tables, que les gens ont du faire tomber dedans par inadvertance. En haut, sur le bord de la piscine, je vois un petit garçon marcher à côté de son vélo trop grand. Il a une casquette et les genoux écorchés sous son short de foot. J’entends une portière se claquer,
son père lui dit de revenir tout de suite sinon il va se faire emporter par le vent. Le petit garçon continue de marcher dans le sens opposé. Sa casquette s’envole. Il serre son vélo de toutes ses forces. Je continue de marcher. La pente de la piscine commence à remonter et je me retrouve dans une clairière (123). Je m’enfonce dans les bois (124)
et rencontre une biche.
Elle a une flèche qui transperce sa tête de part et d’autre.
« C’est bientôt l’heure »
elle me dit.
Je relève la tête,
une petite fille est assise sur les branches d’un arbre.
«Không »
et elle sourit.