(1.1) Je me fais réveiller par la sonnerie de mon téléphone. Mon père me dit que ma grand-mère est morte. Je me dis que c’est pour le mieux, que ça faisait trop longtemps qu’elle était malade et que son corps pourrissait alors qu’elle était encore vivante. En plus elle avait Alzheimer ce qui n’aide jamais à rien. Je me souviens d’un détail qui me parait important sur le moment. Une fois, quand je suis allée la voir à l’hôpital (20), elle m’a dit qu’elle n’aimait pas son vernis. C’était un vernis nude qu’une infirmière lui avait gentiment mis, probablement après que la vielle dame se soit plaint de son manque de style pour cet endroit pourtant si chic (le service gériatrie). Elle m’a dit qu’elle préférait le mien (le sien que je lui avais volé pendant qu’elle dormait). Je lui avais promis que la prochaine fois je lui ferai la manucure, mais j’ai oublié. (3) Je me suis donc retrouvée à 9h du matin un lundi à faire la manucure à un cadavre. C’était particulièrement compliqué parce que ses poings étaient à moitié fermés. (On m’a dit que ça arrive parfois aux gens quand ils meurent, mais dans le générique de Pretty Little Liars (74) c’est pas comme ça du tout, les mains sont détendues. Le réalisateur de la série n’a de toute évidence jamais mis de vernis à un cadavre, il aurait du mieux se renseigner.) Je me suis dit qu’elle avait dû mourir avec quelque chose sur la conscience pour être aussi tendue, sur les nerfs, littéralement. Au moins elle a pu partir au paradis avec des ongles corrects. Je lui aurais bien mis des bagues au doigts aussi, comme elle sortait jamais sans avant, mais un de mes oncles les avaient déjà toutes volées quand elle avait fait sa dernière crise il y a cinq ans.(-27)